Publication : Eviter des substitutions regrettables du Bisphénol A par des bisphénols émergents
Les résultats de recherche menée par l’UMR Toxalim (ENVT/INRAE) portant sur l’évaluation et la comparaison des propriétés toxicocinétiques déterminant l’exposition interne de douze Bisphénols (BP) non conjugués (actifs) ont fait l’objet d’une publication scientifique dans Environment International.
En raison des restrictions d’utilisation du bisphénol A (BPA) dans un grand nombre de pays, dont la France, les industriels ont remplacé le BPA par des substances structurellement proches du BPA. L’exposition humaine aux bisphénols (BP) est donc omniprésente et en augmentation, comme le montrent des études récentes de biosurveillance. Or ces bisphénols présentent un potentiel de perturbation endocrinienne comparable à celui du BPA.
Une étude de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse et de l’Unité Toxalim réalisée chez le porcelet montre que ces BPs émergents sont présents dans l’organisme à des concentrations beaucoup plus élevées que le BPA, d’un facteur de 2 à 4 pour le 3-3BPA, BPAF, BPB et BPZ, de 7 à 20 fois pour le BP4-4, le BPAP, le BPP, le BPFL, le BPF et le BPM et de 150 fois pour le BPS.
Par ailleurs, l’étude a montré des variations fortes d’excrétion urinaire de ces 2 bisphénols, ce qui signifie que pour les bisphénols peu excrétés dans les urines, comme le BPM, le BPP et le BPFL, les quantités de bisphénol urinaires mesurées dans les études de biosurveillance ne reflètent pas l’exposition humaine.
En raison des similitudes des fonctions gastro-intestinales du porc et de l’homme, ces résultats suggèrent que le remplacement du BPA par ces BPs émergents pourrait conduire à augmenter l’exposition de l’homme à des substances hormonalement actives.
Ces résultats soulignent l’importance de l’estimation de l’exposition dans le processus d’analyse du risque pour la santé humaine lié à la substitution de substances préoccupantes comme le BPA.