Performance de la surveillance du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène dans les élevages vaccinés.
Une étude publiée dans la revue internationale Emerging Infectious Diseases (EID) par des scientifiques toulousains de l’UMR IHAP (INRAE/ENVT) démontre que la surveillance évènementielle renforcée, basée sur des prélèvements hebdomadaires effectués sur les canards trouvés morts, est la stratégie la plus efficace pour détecter rapidement la présence du virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans les élevages de canards vaccinés contre l’IAHP.
Cette approche se révèle plus sensible et plus précoce pour détecter le virus que la réalisation de prélèvements sur canards vivants. Elle est donc plus efficace pour limiter le risque de circulation silencieuse du virus.
Des chercheurs toulousains de l’UMR IHAP (INRAE/ENVT – Interactions hôtes-agents pathogènes) ont étudié l’efficacité de différentes stratégies de surveillance pour détecter la présence de virus de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) dans les élevages de canards vaccinés contre l’IAHP. En utilisant un modèle mathématique, ils ont comparé différentes stratégies de surveillance pour la détection précoce du virus qui représente une menace persistante pour le secteur avicole en Europe et particulièrement en France. Ils ont étudié des stratégies de surveillance évènementielle (basée sur une augmentation de la mortalité), évènementielle renforcée (basée sur la réalisation de tests diagnostiques sur les canards trouvés morts) et programmée (basée sur la réalisation de tests diagnostiques sur un échantillon de canards vivants). Pour cela, ils ont simulé la diffusion du virus dans un élevage de canards vaccinés, et ont estimé la probabilité de détection du virus ainsi que le délai de détection pour chacune d’entre elles.
L’étude démontre que la surveillance évènementielle renforcée, basée sur des prélèvements hebdomadaires sur canards morts, offre la meilleure sensibilité (jusqu’à 90 % des élevages infectés sont détectés) et la détection la plus précoce, parmi toutes les stratégies de surveillance étudiées. Cette méthode paraît donc plus efficace que les prélèvements mensuels effectués sur un échantillon aléatoire de canards vivants (surveillance programmée).
La mise en évidence de la circulation silencieuse du virus est un défi majeur dans les élevages vaccinés, car la vaccination réduit considérablement la mortalité et les symptômes cliniques, classiquement utilisés pour détecter la présence du virus. Surveiller les élevages vaccinés pour contrôler la diffusion du virus est donc un véritable enjeu. Les chercheurs insistent donc sur la nécessité d’orienter les efforts de surveillance vers les tests réguliers sur les canards morts, tout en réduisant les stratégies de surveillance programmée, moins efficaces et plus coûteuses.
Ces travaux, réalisés dans le cadre de la campagne de vaccination française contre l’IAHP, offrent des recommandations pratiques pour optimiser les protocoles de surveillance et limiter les risques d’épizooties. Les résultats soulignent également l’importance d’une combinaison judicieuse entre vaccination et mesures de surveillance afin de préserver la santé animale et soutenir le secteur avicole face aux défis sanitaires actuels.
Sophie Planchand1, Timothée Vergne1, Jean-Luc Guérin1, Séverine Rautureau2, Guillaume Gerbier2, Sébastien Lambert1
1IHAP, Université de Toulouse, INRAE, ENVT, Toulouse, France
2Ministère de l’Agriculture, Souveraineté Alimentaire et de la Forêt, France