07/04/2025
Catégories : Actualité, Bien-être animal, IRSD, Recherche

Escherichia coli, une bactérie bien connue pour provoquer des infections urinaires, touche aussi bien les humains que leurs compagnons à quatre pattes. Une récente étude française, publiée dans Veterinary Research, met en lumière le potentiel zoonotique de certaines souches retrouvées chez les chiens et les chats.

Une récente étude (Zoonotic potential of uropathogenic Escherichia coli lineages from companion animals) a été menée par des chercheurs de l’IRSD pour mieux comprendre les caractéristiques d’Escherichia coli, chez les animaux, notamment sa capacité à résister aux antibiotiques, sa dangerosité, et son potentiel à se transmettre à l’humain. L’idée étant de vérifier si certaines souches de E. coli chez les chiens et chats pourraient aussi infecter les humains — autrement dit, si elles ont un potentiel zoonotique (capacité de transmission à l’homme). 

Au total, 135 bactéries E. coli ont été isolées à partir d’échantillons d’urine provenant de 44 chats et 91 chiens, suivis dans trois hôpitaux vétérinaires en France. Les chercheurs ont étudié ces bactéries en les testant avec différents antibiotiques et en analysant leur matériel génétique complet.
Ils ont découvert que certaines souches de bactéries retrouvées chez les animaux étaient très proches de celles que l’on retrouve chez les humains, ce qui pourrait indiquer un risque de transmission entre animaux et humains (on parle alors de risque zoonotique).

Les bactéries isolées chez les animaux avaient les mêmes gènes de virulence que ceux des bactéries humaines, ce qui signifie qu’elles peuvent aussi provoquer des infections sérieuses. Une analyse plus approfondie du génome de ces bactéries suggère que celles-ci ont une origine commune et que les mêmes clones bactériens sont responsables d’infections chez l’homme et l’animal. Elle indique également qu’il existe une possibilité de co-infection entre l’animal de compagnie et son propriétaire.

Environ 16 % des souches étaient résistantes à plusieurs antibiotiques, ce qui complique les traitements. Bonne nouvelle cependant : les bactéries les plus courantes chez les animaux ne produisaient généralement pas les enzymes ESBL ou AmpC, qui rendent les infections plus difficiles à soigner. Une exception a été notée cependant avec une souche rare qui possédait un gène particulièrement préoccupant, blaCTX-M-15.

Conclusion : environ un tiers des souches responsables d’infections urinaires chez le chien et le chat étaient proches de celles chez les humains, ce qui confirme un risque de transmission. Cette étude rappelle donc l’importance de surveiller la résistance aux antibiotiques chez les animaux de compagnie, à la fois pour leur santé et pour éviter que certaines bactéries ne se propagent à l’humain.

Auteurs : Nicolas Jousserand, Frédéric Auvray, Camille Chagneau, Laurent Cavalié, Christelle Maurey, Amandine Drut, Rachel Lavoué, Eric Oswald


 

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