12/06/2024
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L’Hackavet, une compétition annuelle pas comme les autres

Pulsavet, un projet pour prévenir, diagnostiquer et suivre les pathologies notamment l’hypertension artérielle chez le chat : c’est le résultat du travail d’étudiants vétérinaires lors de l’édition 2024 de l’Hackavet. 

Il y a un peu plus de deux mois, l’Hackavet battait son plein. Du 5 au 7 avril derniers, 105 étudiants vétérinaires venus de 18 écoles et des professionnels mentors se sont retrouvés à École Nationale Vétérinaire d’Alfort (EnvA). Au cours de cette compétition originale, différentes équipes doivent présenter le projet le plus innovant pour répondre à une problématique précise en un temps très limité de 48h.

L’objectif ? Décrocher le prix d’excellence Hackavet dans l’une des trois catégories : Outils, Bien-être ou Environnement. En plus de la mise en lumière du projet lauréat, une somme de 5000 € est accordée au groupe afin de financer son développement.

Paula Mesnard, étudiante en A5 au sein de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, y participait aux côtés de trois autres étudiants de l’EnvA : Marie Thomas, Laura Dupuy et Zachary Prévost, ainsi que de Matis Brion, étudiant à VetAgro Sup. Avec l’aide de professionnels mentors tels que Valérie Chetboul, Franck Noël, Sylvain Ranson et Mourad Baatour, ils ont conçu un dispositif innovant pour améliorer certaines prises en charge chez le chat de l’hypertension artérielle.

L’hypertension artérielle, une affection grave touchant 16 % des chats

L'image montre un chat noir assis sur le rebord d'une cheminée. Le chat a un pelage entièrement noir avec une petite tache blanche sur la poitrine. Il a des yeux verts perçants et porte un collier bleu. Le chat est assis tranquillement, regardant droit devant lui avec une posture élégante et attentive. En arrière-plan, on voit le foyer de la cheminée, protégé par un pare-feu en métal avec des bordures dorées.

Ange, le chat de Paula sous traitement anti-hypertenseur

À la base de ce projet se trouve une chatte nommée Ange, dont Paula est l’heureuse maîtresse. Suite à des crises neurologiques, le félin est sous traitement anti-hypertenseur. Cependant, elle se laisse difficilement manipuler par les professionnels, ce qui rend les prises de pression artérielle très difficiles, voire impossibles. Son diagnostic se limite donc souvent à une seule mesure, réalisée dans des conditions peu propices, et les valeurs obtenues ne sont pas toujours fiables. Ces difficultés, rencontrées par Paula et Ange, ne sont pas rare car on estime qu’un chat sur six souffre d’hypertension artérielle.

L’hypertension artérielle (HTA) est l’affection la plus fréquente chez le chat âgé. Elle résulte le plus souvent d’une autre, comme la maladie rénale chronique ou l’hyperthyroïdie. D’autres causes plus rares, incluent l’hyperaldostéronisme primaire, le diabète sucré ou le phéochromocytome. Dans ces cas, on parle d’HTA secondaire. En revanche, on parle d’HTA « primitive » ou « essentielle » lorsqu’aucune cause hypertensive n’est identifiée. Selon les auteurs, cette cause représente un cas sur cinq.

Cependant, bien que différents outils non invasifs soient disponibles et fiables pour identifier l’HTA, peu sont adaptés à l’espèce féline. La nervosité et l’anxiété, inhérentes à l’espèce féline, peuvent faire grimper leur pression artérielle de manière vertigineuse. Une étude de 2022 estime que la valeur mesurée n’est pas fiable dans 54 % des cas.

La prévention et un diagnostic précoce sont essentiels pour préserver la santé des chats. Si cette affection n’est pas prise en charge rapidement, elle peut provoquer des lésions dans quatre organes, dont trois vitaux : le cerveau, le cœur et les reins.

Un dispositif innovant pour mesurer la pression artérielle chez le chat : PulsaVet

Face à ces différents constats et l’importance sanitaire du sujet, le groupe d’étudiant s’est attelé à créer un dispositif innovant. Leur travail s’est appuyé sur plusieurs points essentiels :

  • identifier précisément la problématique ;
  • étudier le marché et les acteurs déjà en place ;
  • établir un business model viable pour le projet ;
  • anticiper les besoins et soigner les engagements environnementaux liés à ce projet.

Après 48h de travaux intenses, Paula, Zachary, Marie, Matis et Laura sont parvenus à créer PulsaVet : « une technologie qui permet de mesurer calmement, ou en tout cas s’affranchir le plus possible du stress » comme l’indique Zachary dans une vidéo publiée par l’ENVA. En réalisant la mesure à domicile sur 24h à 48h, chez le propriétaire, grâce à un dispositif adapté, les valeurs récoltées seront plus fiables grâce au contexte moins angoissant du cabinet vétérinaire. Le diagnostic et la prise en charge s’en trouveraient ainsi grandement améliorés.

Le projet, répondant aux différents objectifs de la compétition a été récompensé par le jury, le projet étant retenu comme lauréat de la catégorie Outils.

Photo de l’équipe, lors de la remise des prix, dont le projet a été désigné lauréats dans la catégorie Outils de l’Hackavet

Et maintenant, où en est le projet ?

Après leur victoire, le groupe continue de travailler activement au développement du projet. Ils prévoient des essais cliniques dans les Écoles Nationales d’Alfort, de Lyon et de Toulouse. Nous ne manquerons pas de suivre de près cet outil innovant qui pourrait faciliter la prise en charge de nos chats, stressés ou… très stressés.


L’ENVT adresse toutes ses félicitations à Paula Mesnard et à son groupe, à Victoria Benhamiche, aussi étudiante à l’ENVT, ainsi qu’aux étudiants qui ont participé à l’édition 2024 d’HackaVet.

@Crédit photo : Zuzanna Winiarska